Communiqué de presse du 22 juillet 2010

Villeneuve : des milliers d’habitants en otage

par le groupe "Écologie et Solidarité"

Habitants pour plusieurs d’entre nous la Villeneuve de Grenoble, notre groupe de six éluEs est resté très présent sur le quartier au milieu des habitants vivant difficilement les derniers évènements. Nous avons choisi de prendre le temps de la réflexion avec eux avant de réagir.

Aujourd’hui, la situation vécue quotidiennement par des milliers de Grenobloises et Grenoblois doit être dénoncée avec force. D’un côté, une colère s’exprime par des violences inadmissibles s’en prenant d’abord aux biens des habitants qui souvent n’ont que leur véhicule pour aller au travail, en vacances ou faire les courses ; de l’autre, une action disproportionnée des forces spéciales de Police décidée par le Chef de l’État qui veut faire de Grenoble un exemple avec hélicoptères braquant plusieurs nuits leurs projecteurs dans les appartements en terrorisant les enfants. Ces forces de sécurité surarmées sont inadaptées face à la délinquance de quelques dizaines de personnes qui restent insaisissables par leur parfaite connaissance de lieux compliqués. Des fouilles systématiques mais inefficaces des véhicules augmentent la peur au lieu de rassurer. Nous dénonçons les actes gravissimes de tentatives de destruction d’un tram et des abribus et nous saluons la réaction des conducteurs qui ont su éviter le pire par leur sang-froid. Par contre, nous ne pouvons accepter l’arrêt du trafic des transports en commun (tram et bus) depuis 5 jours, alors que techniquement tout est en ordre. La population des quartiers Sud déjà victime des évènements doit-elle se voir appliquer une double peine : véhicules détruits et trams arrêtés ? Les transports en commun doivent être remis en route immédiatement. Seul le retour à la vie normale permettra de faire baisser des tensions encore bien présentes.

Nous n’avons cessé de dénoncer à chaque conseil municipal la politique de la majorité uniquement tournée vers l’urbanisme et la réhabilitation du bâti en oubliant le travail social et la présence humaine indispensables sur le terrain pour renouer des liens. Notre conseil municipal doit tout mettre en œuvre pour faciliter l’accès à l’emploi, à l’éducation, à la santé... Mais il est aussi indispensable d’offrir des services publics assurés par les agents les plus expérimentés et donc mieux à même de répondre à toutes les situations complexes vécues par les habitants de nos quartiers. Pour cela, il nous faut revoir la politique sociale dans sa globalité et ce sont toutes les collectivités qui sont concernées : l’État, la Région, le Département, la Métro et la Ville. Aujourd’hui alors que ces graves évènements montrent l’échec d’une politique centrée sur l’urbanisme, le discours du Maire et de ses adjoints reste sécuritaire avec la vidéosurveillance comme remède-miracle ! Nous tenons aussi à dire combien la droite, qui vote contre les budgets sociaux et prétend aussi que c’était mieux avant 1995, ne manque pas de culot quand on sait qu’une partie des problèmes sont aussi la conséquence des attributions de logement sous les mandats Carignon. Fabien de San Nicolas, qui tente d’apparaitre comme leader d’une droite municipale divisée ferait mieux de se taire au lieu de gesticuler en demandant que des têtes tombent.

A droite comme à “gauche”, on n’entend pas un mot pour les habitants premières victimes de ces affrontements et de l’insécurité. Pire, la population est stigmatisée : la crise sociale et le chômage considérable en particulier chez les jeunes sont un facteur déterminant à prendre en compte. Mais ne voir comme seule solution le départ du quartier des plus précaires pour les remplacer par des habitants plus aisés socialement, n’est-ce pas associer dans un raccourci saisissant pour une majorité dite de gauche délinquance et précarité ? Cette “mixité sociale”, qui serait LA SOLUTION, fait l’impasse sur deux questions
- qui voudra revenir dans ces quartiers parmi ceux qui les ont quittés ces dernières décennies ?
- où seront relogés les habitants que l’on veut voir partir ?

Ces quartiers sont riches d’une diversité que l’on doit s’efforcer d’inclure dans un projet commun à tous les habitants au lieu de les diviser et d’exclure celles et ceux qui n’ont pas eu la chance de naître “du bon côté”.

Nous appelons à une refondation des politiques publiques à tous les niveaux du local au national associant toutes les institutions et services publics, mais aussi les habitants, visant à mettre sur le terrain une présence publique permanente dans tous les quartiers, des dispositifs particuliers pour les jeunes et des créations d’emplois massives dans l’économie sociale et solidaire au lieu de privilégier les développements capitalistes dans le high-tech.

Nous nous élevons contre les coups médiatiques, que ce soit un Grenelle de la sécurité ou un changement de Préfet inauguré en grandes pompes par un Président qui ne sait que s’agiter au gré des évènements et qui essaye de faire oublier les faillites de sa politique et les affaires politico-financières qui touchent son système de gouvernement.

Maryvonne Boileau, Olivier Bertrand, Gwendoline Delbos-Corfield, Marina Girod de l’Ain, Gilles Kuntz, Hakim Sabri




Groupe Écologie & Solidarité
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