CM du 20/04/09

Caterpillar - Motion de solidarité

Intervention de Maryvonne Boileau

Le groupe Ecologie et Solidarité votera cette motion pour réaffirmer notre solidarité aux travailleurs de Caterpillar et des autres entreprises de la région, victimes d’une crise du capitalisme financier mondialisé, crise où les responsables et coupables s’en tirent à très bon compte alors que les salariés, eux n’y sont pour rien, mais en sont les victimes.

Certes, nous avons entendu ce matin qu’un protocole d’accord sera soumis au vote des salariés et, comme l’a dit M. Voir, ils sont actuellement en cours de réflexion, pour réduire de 733 à 600 le nombre de licenciement aujourd’hui.

Mais qu’en sera-t-il demain ?

Les actionnaires de Caterpillar, après avoir encaissé 3,5 Milliards de profits en 2008 sur un chiffre d’affaire de 51 M€, ont les moyens d’agir et d’éviter les licenciements qui frappent en majorité les ouvriers (30% de cette catégorie), ce qui interroge sur l’avenir du site et pourrait mettre en cause sa compétitivité.

Il y a de nombreuses autres actions possibles pour sortir de cette situation :

Durant cette période de basses eaux, il serait important de mettre la réduction du temps de travail sur la table des négociations, comme cela avait été négocié chez Volskwagen qui était passé aux 28 h pendant quelques années à la fin des années 1990. Une RTT à 32 h ou 30 h, sans perte de salaire pour les bas salaires, permettrait peut être de sauver au moins 200 emplois immédiatement comme cela a été chiffré par une expertise du comité d’entreprise. Malheureusement, cette possibilité a été refusée par la direction par refus idéologique et volonté de prioriser la flexibilité. Une forte pression des pouvoirs publics pourrait peut être relancer cette possibilité.

La puissance publique peut aussi peser de tout son poids pour mobiliser en urgence tous les instruments des politiques publiques qui amortiraient le coût social du plan de sauvegarde des emplois :

- Proposer beaucoup de formations qualifiantes en lien avec la région,
Il pourrait être envisagé d’exiger qu’une partie des fonds de l’UIMM, notamment les 600 millions de caisse antigrève, soient mobilisés pour atténuer le coût social de la politique des actionnaires de Caterpillar.

- La mise en pré-retraites FNE sont très justifiées pour des ouvriers postés qui ont des conditions de travail pénibles (80-90 emplois concernés). Le gouvernement ne veut rien lâcher sur ce point, l’intervention des parlementaires et des collectivités publiques doit mettre en cause ce refus.

- une convention de chômage partiel avec maintien intégral du salaire pour les bas salaires,

- Proposer des aides aux départs volontaires avec des projets créateurs d’activité, mettre en place une cellule de reclassement avec un contrôle public (avec la participation de l’Etat et des collectivités locales). La cellule de reclassement de Caterpillar devrait aussi prendre en charge les salariés des sous traitants avec l’appui des collectivités locales si nécessaire.

Enfin, nous ne devons pas oublier que Caterpillar a une lourde responsabilité envers ses sous traitants. Certains traversent des situations dramatiques en raison d’une dépendance totale décidée unilatéralement par la direction de Caterpillar. Maintenant que Caterpillar décide de réduire son activité, elle doit aussi unilatéralement apporter son aide aux plans sociaux entraînés par ses choix, comme à la CMI à St Egrève et tous les autres qui vont hélas en subir durement les conséquences.

Après ces premières négociations, la puissance publique doit veiller à la réussite de l’accord, comme sur la pérennité des mesures. Nous avons vu hélas combien d’autres situations avaient apporté un peu de satisfaction immédiate : elles se sont avérées être des feux de paille. La situation économique des Etats-Unis est telle qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles de la part des dirigeants de ce groupe américain. Alors que nous traversons une crise dont nous commençons tout juste à percevoir les conséquences, on voit bien que la politique économique parfois engagée par cette majorité municipale, n’est pas adaptée aux besoins actuels et futurs de notre ville et de l’agglomération. La priorité doit être donnée à d’autres mesures :
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Changeons d’ère, inventons un développement soutenable à Grenoble !

Aujourd’hui nous devons rechercher un vrai développement soutenable, pour Grenoble et dans sa région compatible avec ce que la planète peut supporter en facilitant l’accès aux biens de première nécessité pour tous. La situation climatique est tellement dégradée qu’il est indispensable de diminuer de manière drastique toutes les émissions de gaz à effets de serre. Quant à la situation économique internationale, elle nécessite une réflexion plus approfondie et d’autres remèdes que des projets éphémères et aléatoires.

Et maintenant, quels projets pour Grenoble et l’agglo ?

Pourquoi ne pas se consacrer pleinement aux dossiers importants pour la ville ? Nous avons esquissé une première liste :

Promouvoir un vrai programme de développement soutenable pour cette ville et sa région urbaine (un SCOT soutenable en ce moment à l’étude, mais qui oublie les massifs alentours Chartreuse et Vercors qui sont pourtant en interactions permanentes avec notre ville), et ainsi promouvoir Grenoble comme l’une des toutes premières villes européennes de l’écologie.

Avoir l’ambition d’être une « communauté urbaine », voire une métropole urbaine (rapport Balladur) en nous appuyant sur un vrai programme de coopération avec toutes les communes des vallées et des massifs environnants.

Valoriser deux de nos atouts majeurs à Grenoble : l’eau, combat de l’ère Dubedout dont nous avons été le seul groupe à promouvoir la re-municipalisation après les errances de la période Carignon ; l’électricité, cette fameuse « houille blanche », qui devrait permettre jeter les bases d’un programme de recherche autour de la valorisation des énergies dites propres.

Réfléchir, enfin, à l’E-activité (télétravail et te télé-activité).

Quant aux arguments sur les emplois, nous pouvons lancer d’autres défis créateurs d’emplois et protecteurs de l’environnement : abandonnons le projet de la rocade pour développer massivement des lignes de transports collectifs.

Au moment de grands plans sociaux, on entend souvent la phrase « j’ai donné 10, 20 ou 30 ans de ma vie pour cette usine et voilà comment je suis traité en retour ». Les salariés subissent une violence insupportable et réagissent en exprimant avec force, leur refus de ces nombreux licenciements. L’opinion publique commence à se reconnaître dans leur lutte, et ils savent bien que non seulement ils agissent pour eux, mais aussi pour de nombreuses nombreux français.

La lutte de Caterpillar nous rappelle que malgré des conditions de travail qui n’étaient sans doute pas toujours faciles, ils ont construit une « vraie vie » dans leur usine où étaient fabriqués des engins utiles et importants, ce qui donnait de la noblesse à leur travail.

Alors aujourd’hui, toutes les puissances publiques réunies, l’Etat, la région, le département, l’agglomération, la ville doivent exiger qu’avant de décider de plans sociaux, on se préoccupe des conséquences qu’ils entraînent et on doit rechercher d’autres solutions que des licenciements secs. Et surtout, la ville doit veiller à faire en sort que des usines comme Caterpillar soient pérennisées ici.

Motion adoptée à l’unanimité.




Groupe Écologie & Solidarité
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