CM du 26/10/09 - Délibération 1-A 011 – ENVIRONNEMENT

Grenoble, facteur 4 - Points d’avancement

Intervention de Gwendoline Delbos-Corfield

Trois grandes lignes de questionnements qu’amène cette délibération…

Première chose : la force de transformation et la cohérence globale d’une démarche Agenda 21 telle que la mettent en oeuvre de nombreuses collectivités territoriales (villes, départements, régions, communautés), tient notamment au fait que le travail se fait avec tous, et dès le démarrage de la réflexion : éluEs naturellement, mais aussi, services, habitants, usagers, associatifs, syndicats internes et même externes parfois, citoyens impliqués dans différentes instances de démocratie participative ou des groupes d’expertise.

Cette délibération-ci est le fruit d’un travail entre quelques adjoints et leurs services, encore donc trop institutionnel et réduit à quelques acteurs des politiques publiques, mais au moins s’inscrit-elle dans une volonté de travail collectif. Si ce n’est que le cafouillage, durant 3 commissions différentes, à propos du « paragraphe Rocade » témoigne de certaines lacunes dans cette démarche collective. Si ce n’est surtout que peu de ces 30 actions sont véritablement transversales et riches d’une confrontation entre les différents enjeux d’une politique communale complète. Il semblerait que chacun a amené son quota d’actions à labelliser. Et puis, comme on l’a dit, la mise au débat avec les citoyens est en revanche totalement absente du principe même de cette politique de développement durable. Or, il n’y aura pas de développement durable sans co-construction avec les habitants, ici comme ailleurs. Toutes les vraies opérations réussies de prise en charge de problématiques structurelles sur un territoire, menées par des politiques publiques, des ONG, ou des gouvernements locaux, sont toujours posées, d’emblée, avec la participation des citoyens et des usagers.

Deuxième chose : une vraie politique publique de développement soutenable qui permette de vivre mieux aujourd’hui et demain pour les générations futures est une politique qui pense ensemble les questions d’environnement, les questions sociales et sociétales –d’éducation, de culture, de démocratie- et aussi celles liées aux choix économiques. Ce n’est qu’à cette condition que ces politiques publiques sont efficaces et véritablement durables. Ce sont là les fondements de l’écologie politique, à la différence de simples actions environnementalistes. L’erreur consiste à segmenter les problèmes et donc à compartimenter les réponses.

Les actions liées au logement (1, 2, 3 et 6) sont en revanche assez exemplaires de l’impulsion qui peut irriguer des champs d’action différents en même temps. Pour faire vite, l’isolation du bâti, avec conventionnement social, c’est investir le social et l’environnement, mais aussi l’économie locale à travers de l’activité et la création de nouvelles filières. Cela implique le développement de formations pour ces nouveaux artisans et cela favorise l’implication des habitants dans le processus de réhabilitation.

Sur le reste de la délibération, contrairement à ce qui avait été présenté, il y a un an, cette délibération est cette fois-ci détaillée, fournie, avec des actions parfois chiffrées et précises. Elle est même volontariste dans certains domaines.

On est un peu sceptique sur l’opportunité de nous vendre comme action, l’action 20 « Agir sur le fait que le TGV aille plus vite », l’action 26 et 27 qui consistent à nous dire que de subventionner la Maison de la Nature et de l’Environnement en Isère (MNEI) ou de soutenir les associations de défense de l’environnement sont des actions de développement durable, alors que cela s’est fait avant et que cela se fera après… et que dans ce cas, beaucoup d’autres choses du domaine communal peuvent être mises… Et que dire de l’action 28 ? Pourquoi continue-t-elle à exister puisque effectivement les Jeux Olympiques n’auront pas lieu à Grenoble ?

On est particulièrement sensible, en revanche, à l’action 22 et à la volonté affirmée de protection de la ressource en eau et à l’action 23 et ses velléités de stratégie autour du foncier et des terrains agricoles. Soyons courageux dans cette logique-là.

Cependant, de vraies problématiques ne sont pas affrontées et pourtant, elles sont au cœur des conditions de soutenabilité du mode de développement grenoblois. Un des enjeux majeurs de cette ville est la question des parcs. Nous manquons de poumons verts et d’espaces de verdure accessibles à tous, multi usage et atouts contre la pollution. La place logique et utile de la voiture dans la ville doit être ré-interrogée, plutôt que de miser soit sur le progrès matériel -avec encore une fois un espoir scientiste de régler le problème par la voiture électrique- ou de présenter quelques améliorations urbaines en termes d’ajouts de zones 30 comme une action de fond et durable. Repenser la logique des quartiers et des lieux de vie, partir des services communaux et des instruments de la Ville, élargir la problématique des déchets (au-delà des difficultés particulières liées à la Villeneuve) et allier l’économie à ses réflexions et à ce groupe de travail, revisiter les aides économiques qui sont prioritairement fléchées vers l’économie high-tech et libérale et qui délaissent trop souvent l’économie locale, de proximité et des besoins quotidiens.

Après avoir entendu M. Montebourg parler, aux Ateliers de la Gauche qui étaient il y a peu de temps à Grenoble, de repenser la nationalisation d’un certain nombre d’entreprises, sans complexe, un vrai combat pour ce mandat pourrait être celui de remunicipaliser tout simplement la gestion de l’énergie : Compagnie de chauffage urbain et GEG. Voilà un combat qui assure la préservation des ressources énergétiques pour les Grenoblois, durablement, et empêchent les profits sur ce qui est relatif aux biens communs. Nous n’aurions pas alors des problèmes de hausses excessives pour les habitants comme nous en connaissons actuellement.

Troisième chose : si l’on prend du recul et que l’on ne décortique pas action par action, cette délibération repose sur 3 grands paradoxes. Le premier évidemment c’est la présence en filigrane de la Rocade Nord. Le deuxième, c’est la contradiction très étonnante entre le premier paragraphe introductif, M. Chamussy l’a souligné, qui nous parle de penser simplement -20% et le délibéré puis l’annexe finale sur l’ultimatum climatique qui parle de -40% ! Ce n’est pas juste une énorme différence d’objectifs chiffrés, même si cela en est une : on passe du simple au double ! C’est aussi une vraie différence de prise en compte de la radicalité des actions qu’il faut mener. Copenhague n’est pas une vaste plaisanterie. Les associations qui interpellent et les scientifiques du Groupe International d’Experts sur le Climat (GIEC) ne sont pas des farfelus. Vous avez dit Monsieur le Maire qu’il ne fallait pas que ce sommet soit décevant, alors répétons-le, l’enjeu de Copenhague, c’est bien la réduction de 40%, d’ici 2020, par rapport à 1990. Ce n’est pas ce que cette délibération propose. Il y a donc une contradiction dans le délibéré. C’est notamment pour que les pays du Sud puissent vivre mieux, comme vous le souhaitez Monsieur le Maire. Mais vivre mieux pour eux, c’est diminuer notre productivisme et notre consommation au Nord. Troisième grand paradoxe : cette délibération ne comporte aucun objectif global clair. On pourrait s’appuyer sur un calcul de l’empreinte écologique de cette ville pour avoir un référentiel cohérent et mesurable par exemple. Certaines collectivités se sont attelées à ce chantier. On s’interroge sur ce qui est indiqué en action 30. Qu’est-ce qu’un baromètre environnemental du territoire communal ?

Si vous étiez sincères, vous avoueriez que vous êtes surtout intéressés par la communication qui peut être faite autour d’actions déjà existantes. Contrairement à ce que vous dîtes, beaucoup de villes ont les mêmes résultats et pourraient présenter les mêmes tableaux et les mêmes courbes. Il n’y a qu’à ouvrir la gazette des communes pour s’en apercevoir : éco-quartiers, constructions avec normes environnementales sont mises en œuvre partout en France, même remarque pour les transports en commun et les modes doux. Le magazine Les Nouvelles de Grenoble, paru avant même le vote de la délibération, prouve le besoin de communication plutôt que la volonté d’action.

Nous avons hésité à voter contre. Mais comment voter contre un certain nombre d’actions très judicieuses, notamment en matière de logement et de préservation de l’eau ? Mais comment, en même temps, cautionner cette étrange délibération contradictoire ? Etre à la hauteur des ambitions Facteur 4 demande de remettre en cause des modes excessifs de production et de consommation, sinon, nous ne sortirons pas de ce cycle. Nous choisissons de nous abstenir, en espérant plus de courage d’années en années…

Après le refus de l’amendement déposé par l’UMP (9 Pour – UMP- 6 Abstention – Verts, Ades, Alternatifs - 44 contre – PS / MoDem / PC / Go), la délibération est adoptée. Votes :

- sur le plan d’action communal :

-  9 Contre (UMP)

-  6 Abstention (Verts, Ades, Alternatifs)

-  44 Pour (PS / MoDem / PC / Go)

- sur le mandant donné au Maire pour signer l’ultimatum climatique :

-  6 Abstention (Verts, Ades, Alternatifs)

-  53 Pour (PS / UMP / MoDem / PC / Go)




Groupe Écologie & Solidarité
EluEs EELV, ADES, Alternatifs de la Ville de Grenoble

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