CM du 23/03/09

Communication sur la candidature aux Jeux Olympiques

Intervention de Gwendoline Delbos-Corfield

Grenoble donc n’aura pas été choisie comme ville candidate de la France pour le JO d’hiver 2018. Evidemment, nous sommes soulagés pour Grenoble. Nous avons exprimé à plusieurs reprises nos inquiétudes écologiques, démocratiques et sociales sur ce projet coûteux et inadapté aux besoins de la ville et de ses alentours, nous ne reviendrons pas dessus. Nous sommes rassurés pour les finances de la ville. Dans le contexte financier contraint de nos collectivités, et au regard d’une situation locale et internationale de difficultés sociales et économiques graves, nous réaffirmons notre refus du "prix" injustifié d’une candidature de témoignage : voici une vingtaine de millions d’euros qui ne seront pas dépensés inutilement pour arracher sans espoir une candidature au CIO. Nous connaissons tous des personnes qui sont aujourd’hui en chômage technique 2 semaines par mois, ces personnes ne savent pas si cela durera 4 mois, 6 ou plus, sans compter la menace du licenciement. Nos collectivités se doivent d’être d’autant plus vigilantes sur l’utilisation de l’argent public. Nous sommes particulièrement sensibles au fait que seront épargnés les montagnes, l’air déjà pollué dans la cuvette, et les ressources en eaux des stations voisines. Nous demandons que l’intérêt porté au sport à travers cette candidature puisse se reporter sur les petits équipements de quartiers à l’usage quotidien des amateurs grenoblois de tout âge, et s’élargisse aux équipements culturels et socio-culturels, qui sont aussi des outils de cohésion sociale et de d’épanouissement individuel. Nous sommes plus serein sur l’avenir de Grenoble et du territoire avoisinant, pour lesquels peuvent désormais s’inventer d’autres rêves que ceux du gigantisme des jeux olympiques.

En revanche, nous sommes solidaires de nos amis écologistes de Haute Savoie. Le péril pour le lac d’Annecy, la question du tunnel de Semnoz, l’augmentation des infrastructures routières comme sportives en excès, sont des conséquences tout aussi dommageables pour les Alpes du Nord. Nous considérons qu’il ne devrait pas y avoir de candidature française aux JO 2018.

Pendant toute la durée de cette campagne de lobby pour la candidature aux JO, l’opacité financière et organisationnelle de la majorité sur le sujet, et l’incapacité à dialoguer avec les Grenoblois nous ont régulièrement heurtés. A l’issue de cette épreuve de force, nous tenons à redire notre droit à être en désaccord sur n’importe quel projet. Il faut souligner deux expressions utilisées par cette majorité à l’égard de ceux, citoyens et éluEs, qui ont osé défendre d’autres solutions pour l’avenir. La possibilité d’interroger des choix locaux comme des projets de société globaux est une des conditions nécessaire de la vie démocratique. Il a été dit dans l’enceinte de cette mairie comme devant des journalistes, que les "enfants de la ville avaient été pris en otage" par la contre-parade en décembre. Nous n’épiloguerons pas sur l’aspect mensonger de cette affirmation. Il y avait autant d’enfants si ce n’est plus dans la contre-parade. Comment qualifier les documents mis dans les cartables de tous les élèves grenoblois pour les pousser à participer à cette parade ? quelles ont été les pressions faites sur les MJC et MDE pour les inciter à faire partie de cette parade de promotion ? que dire des semaines de classes de neige devenues obligatoirement semaines scolaires JO ? Mais surtout, les mots ont un sens. Le terme d’otage ne s’utilise pas avec complaisance, il représente un fait d’une gravité extrême. A l’heure où les enseignants, les salariés des transports en commun, les travailleurs sociaux sont accusés de prendre en otage la population quand ils font grève, on aimerait ne pas retrouver de tels propos dans cette majorité. Dernièrement, d’autres interpellations violentes ont été exprimées par monsieur le Maire dans un article de journal local, et cela a été redit ce soir : "Nous nous souviendrons de ceux qui ont joué contre leur ville !" Faut-il que nous tremblions ? Nous éluEs, et tous les citoyens isérois qui se sont interrogés sur la pertinence de cette candidature ? Les traîtres à la cause grenobloise que nous voilà devenus sont effarés d’une telle réaction : il y avait depuis 2 ans les bons et les mauvais écologistes, il y a depuis une semaine les bons et les mauvais citoyens. Il devient, ici et là, très pratique d’inventer des ennemis de l’intérieur qui seraient irresponsables et "indignes des principes républicains", ce sont vos mots. Nous ne pouvons que dire à quel point ces paroles sont dangereuses, nous n’arrivons pas à croire que nous en sommes arrivés là.

A partir de ce Conseil municipal, le débat local ne sera plus focalisé sur cette candidature aux JO. Il nous faut collectivement créer un projet de territoire, le mettre en débat, le penser au plus près des habitants, et le faire vivre dès maintenant et au quotidien. Ce projet de territoire peut être moins glorieux mais beaucoup plus populaire, respectueux de tous et socialement utile.

Nos premières demandes sont simples à mettre en œuvre :

- revenir à des enveloppes financières complètes pour les subventions aux associations, la règle des 80% met en péril les structures.

- travailler rapidement à un "plan piscines", Chorier Berriat, Iris, Les Dauphins, pourtant récente, sont soit des équipement insalubres ou des constructions récentes mal engagées.

- réorienter les sommes prévues pour la construction de gros équipements olympiques vers des petites structures de quartiers, sportives, culturelles, socio-culturelles

- se donner les moyens sans attendre 2018, de mettre l’accent prioritairement sur le logement social. Vous avez utilisé cet argument pour la candidature. Le rapport d’évaluation du CNOSF indique clairement que la conversion des logements olympiques en logements sociaux était illusoire. Pas de regrets. En revanche, la question cruciale du logement social reste posée.

- il n’est pas trop tard pour remettre l’autre grand chantier en cours sur l’aménagement de la presqu’île scientifique en débat avec la population dans une volonté réelle de co-construction avec les gens du site et les habitants.

- il n’est pas non plus trop tard pour remettre en question toutes les infrastructures routières que ce projet devait permettre de booster (et la présence à nouveau ce soir du Président de la Chambre de commerce comme lors du CM exceptionnel du 6 octobre nous le rappelle). Le comité d’évaluation du CNOSF a noté "l’utilisation quasi-exclusive de moyens routiers pourrait augmenter l’impact environnemental des transports, malgré la présence de transports par câble. La commission d’évaluation s’est donc interrogée sur la faisabilité des "Jeux sans voiture" comme l’affiche Grenoble". 
Nous avons même découvert une surprise dans le dossier : le doublement de la départementale Grenoble Bourg d’Oisans qui n’avait été évoquée nulle part, même pas auprès des principales communes impactées comme Vizille.


Aujourd’hui nous devons rechercher un vrai développement soutenable, à Grenoble et dans sa région, compatible avec ce que la planète peut supporter et ainsi faciliter l’accès aux biens de première nécessité pour tous les peuples. La situation climatique est tellement dégradée qu’il est indispensable de diminuer de manière drastique toutes les émissions de gaz à effets de serre. C’est pourquoi la délégation de l’adjoint au développement durable garde toute sa pertinence, même si l’autre partie est devenue caduque. Cet objectif global et transversal doit irriguer toutes les politiques de Grenoble. Nous espérons que cet engagement ne sera pas abandonné.


Nous devons nous retrousser les manches et rechercher ensemble, quel serait le ou les projets culturels et sportifs capables de mobiliser cette ville, en lien avec l’agglomération et surtout en lien avec la région urbaine, en tenant compte de notre environnement de montagne. Vous en avez parlé ce soir, en disant que c’est ainsi que vous alliez rebondir, le 6 octobre, nous vous avions invité à imaginer une fête annuelle et fédératrice, plutôt que de proposer un événement unique et hors de proportion, dans vingt ans. Nous ne pouvons que nous réjouir d’entendre que cette fête va exister.


Il y a des acteurs talentueux dans nos milieux culturels, sociaux et sportifs qui sont probablement en attente d’une autre dynamique pour notre ville, capable de mobiliser tous les acteurs et ainsi créer les relations inter-quartiers, inter-générationnelles et inter-culturelles.



Débat sans vote.




Groupe Écologie & Solidarité
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